Comment se créer une épargne de précaution ?
Selon le ministère de l’Économie et des Finances, il existe trois raisons principales pour lesquelles nous souhaitons tous mettre de l’argent de côté : réaliser un projet, se constituer un capital ou une rente et enfin se constituer une épargne de précaution. Selon une enquête IPSOS parue en 2023, c’est même le principal motif d’épargne pour 53 % des Français.
Mais qu’est-ce qu’une épargne de précaution ? Pourquoi est-ce si important d’avoir une épargne de précaution et quelles sont les bonnes pratiques pour y parvenir ? On vous donne quelques éléments de réponse.
C’est quoi une épargne de précaution ?
Une épargne de précaution – ou épargne d’urgence – est comme son nom l’indique une somme d’argent mise de côté spécifiquement pour faire face à des dépenses imprévues ou des situations d’urgence financière.
La voiture ou la machine à laver qui tombe en panne subitement, un changement soudain dans sa situation professionnelle, l’animal de compagnie qui doit subir une opération, un dégât des eaux à avancer le temps que l’assurance prenne en charge… En clair, des dépenses souvent importantes et toujours difficiles à prévoir dans son budget annuel.
Contrairement à d’autres formes d’épargne destinées à financer des projets spécifiques comme un voyage, l’achat d’une maison, les prochaines vacances ou un complément de revenus pour la retraite, l’épargne de précaution est donc réservée aux aléas de la vie quotidienne. C’est une sorte de filet de sécurité, de « matelas » qui permet de gérer les coups durs sans avoir besoin de recourir à des solutions coûteuses comme les crédits ou les découverts bancaires.
Attention : il faut bien distinguer les dépenses imprévues pour lesquelles on va utiliser cette épargne de précaution des dépenses que l’on n’a pas anticipées dans son budget. L’assurance de la voiture, par exemple, n’est pas une dépense imprévue. On doit s’en acquitter une fois par an, ce qui fait qu’on l’oublie parfois, mais c’est une dépense récurrente qui doit être prise en compte en amont.
Pourquoi se constituer une épargne de précaution ?
Tout simplement parce que personne n’est à l’abri d’un coup dur, d’une perte d’emploi, d’une voiture qui tombe en panne ou encore de réparations urgentes à la maison. Ces événements peuvent survenir à tout le monde, à tout moment et souvent sans prévenir. Ainsi, avoir une réserve d’argent disponible permet de couvrir ces dépenses sans grever son budget ou, pire, mettre en péril le financement d’un projet. C’est donc très important.
De plus, détenir une épargne de précaution permet de lutter contre le stress financier, cette forme de stress causé par l’incertitude liée à l’argent, et ses conséquences négatives sur le bien-être mental et physique. Selon une étude IFOP publiée fin 2023, sur les 67 % des Français qui ont déclaré avoir connu des difficultés financières, 87 % d’entre eux affirment avoir connu des troubles psychologiques (stress, troubles du sommeil, épisodes dépressifs, voire pensées suicidaires) à cause de leurs problèmes d’argent. Pouvoir compter sur ce filet de sécurité aide d’une certaine manière à envisager l’avenir plus sereinement.
Combien mettre de côté pour une épargne de précaution ?
Il n’y a pas de règle fixe. En réalité, le montant idéal à laisser sur son épargne de précaution va surtout dépendre de la situation personnelle de chacun. Un fonctionnaire avec un salaire fixe tous les mois aura probablement moins d’inquiétudes sur le sujet qu’un auto-entrepreneur aux revenus aléatoires. Une personne avec des enfants à charge devra probablement prévoir un peu plus d’argent qu’une personne sans enfant, avec un conjoint qui touche un salaire confortable et des parents qui peuvent aider financièrement.
De la même manière, le montant du salaire mensuel va également influer sur le montant idéal de cette épargne de précaution. 3 000 € peut suffire à quelqu’un qui gagne le SMIC mais probablement pas à quelqu’un qui dispose d’un salaire mensuel de 6 000 € net : il y a de fortes chances que le train de vie ne soit pas le même.
Aussi, le plus simple est de calculer en montant des dépenses par mois et de prévoir 2 à 3 fois cette somme. Vous avez fait votre budget annuel et calculé que vous consacrez environ 1 500 € en dépenses courantes (courses, factures, loisirs…) ? Prévoyez donc entre 3 000 € et 4 500 € d’épargne de précaution.
Mais il est également possible de calculer en revenus par mois. Dans ce cas, même opération : pour une personne gagnant 2 000 € par mois, il est recommandé de mettre de côté entre 4 000 € et 6 000 €. Pour les personnes avec des ressources qui fluctuent fortement d’un mois à l’autre, il peut être judicieux de prévoir 3 à 6 mois de revenus en épargne de précaution. On ne sait jamais.
Une fois le montant atteint, est-il nécessaire de continuer à alimenter son épargne de précaution ? Il vaut mieux éviter. Car n’oublions pas que cet argent a vocation à être bloqué sur un compte pas ou peu rémunéré, à n’utiliser qu’en cas d’urgence. En revanche, si l’on arrive à mettre de l’argent de côté de manière pérenne, tout ce qui « dépasse » de ces deux à trois mois de revenus ou de montants de dépense peut être placé sur une épargne à moyen ou long terme, comme une assurance-vie.
Comment se constituer une épargne de précaution ?
Pour se constituer une épargne de précaution dans les meilleures conditions, il existe quelques règles simples.
Utiliser un compte qui permet d’avoir l’argent immédiatement
L’épargne de précaution sert en cas de coup dur, en cas d’urgence. Assez logiquement, l’argent de cette épargne de précaution doit être déposé sur un compte qui permet de l’utiliser ou de le récupérer le jour même ou le lendemain. De fait, il est vivement conseillé de déposer cette épargne de précaution sur un compte sur lequel les fonds sont facilement accessibles et surtout sans frais de retrait.
Les livrets d’épargne réglementés, comme le Livret A ou le Livret de Développement Durable et Solidaire (LDDS) sont des options intéressantes car ils offrent une disponibilité dans les plus brefs délais, en plus d’une rémunération sans risque de perte en capital.
Sinon, il y a le programme d’aide à l’épargne Sumeria+ qui permet de mettre un peu d’argent de côté pour son épargne d’urgence (mais cela fonctionne également pour tous ses projets d’épargne) grâce à des fonctionnalités innovantes comme le virement automatique en début de mois ou encore l’arrondi à l’euro supérieur. Cet argent mis de côté sur un compte de réserve – dont on bénéficie automatiquement avec Sumeria+ – peut ensuite être déposé sur un compte à part, rémunéré à 4 %, pour se constituer une épargne de précaution très facilement.
L’autre intérêt de placer cet argent sur ce type de compte ou de livret est de le séparer de l’argent du compte courant, celui qui servira pour les dépenses du quotidien. On ne le répétera jamais assez : le meilleur moyen de bien gérer son argent reste de le compartimenter sur plusieurs comptes différents, aux budgets bien définis. Ainsi, on ne risque pas de piocher dans son épargne de précaution au moment de payer les courses ou de réserver les prochaines vacances.
Utiliser un compte ou un livret rémunéré, idéalement
Même si le rendement est modeste, il est préférable de placer son épargne de précaution sur un compte ou un livret qui rapporte des intérêts. Après tout, cet argent a vocation à n’être utilisé qu’en cas de coup dur, ce qui peut ne jamais arriver ou alors très rarement. Et c’est heureux : mieux vaut avoir un peu d’argent qui dort que de se retrouver à découvert lorsqu’une dépense imprévue survient. De fait, placer cette épargne sur un compte ou un livret rémunéré permet d’engranger des intérêts qui, il faut bien l’avouer, permettront surtout de compenser en partie l’inflation.
On pourrait se dire que cet argent ne va probablement pas servir tout de suite (voire pas du tout pour les plus chanceux) et être tenté de le placer sur des comptes et des livrets plus rémunérateurs, pensés pour le long terme (comme une assurance-vie) voire en bourse. Ce serait très risqué : les délais pour récupérer l’argent peuvent être plus longs et/ou accompagnés de frais de retrait, sans parler des risques de perte en capital. Voilà pourquoi il est plus prudent de rester sur l’option du livret réglementé ou du compte de paiement secondaire.
Ce sont de plus des comptes très faciles à ouvrir et à gérer, avec des conditions claires, sans frais cachés, ce qui en fait la meilleure option idéale pour une épargne de précaution mobilisable à tout moment en cas de besoin.
N’utilisez l’épargne d’urgence que pour les urgences
Vous vous êtes constitué une épargne de précaution, vous n’avez pas eu de dépenses imprévues jusque-là (ou, en tout cas, pas depuis longtemps) et cet argent tomberait à pic pour financer les prochaines vacances d’été. La tentation d’utiliser tout ou partie de son épargne de précaution pour financer un projet ou un achat « plaisir » peut être grande. Cela n’en reste pas moins une mauvaise idée : une épargne de précaution n’est pas destinée à être utilisée pour autre chose qu’une urgence.
Et il suffirait qu’un imprévu se produise à ce moment-là ou juste un peu après pour vous mettre dans une situation financière inconfortable. Pour éviter les tentations, gardez cette épargne de précaution sur compte séparé de votre compte courant. Il sera plus facile de résister à l’envie de l’utiliser pour des achats impulsifs ou des loisirs, et c’est de plus une bonne pratique de gestion de son argent au quotidien, comme évoqué plus haut.
En revanche, inutile de vouloir absolument garder son épargne de précaution intacte si l’on est dans le rouge sur son compte courant : elle n’a de sens que si l’on a son compte courant suffisamment approvisionné pour les dépenses du quotidien. Et mieux vaut transférer une partie de ce fonds d’urgence pour renflouer son compte que d’être à découvert. Même si votre épargne de précaution est déposée sur un livret rémunéré, les intérêts seront toujours inférieurs aux agios que vous risquez de payer.
Commencer par de petites sommes
Une épargne de précaution a pour but de servir de « matelas » en cas de coup dur. Cela signifie que c’est une épargne que l’on va se constituer pour une raison qui ne fait pas franchement plaisir, pour une occasion qui arrive généralement rarement (tout du moins on l’espère) et dont on ne connaît pas les circonstances à l’avance. Autant dire que ce n’est pas un projet d’épargne très motivant, même s’il est nécessaire.
Voilà pourquoi le meilleur moyen d’arriver à se constituer une épargne de précaution est de l’alimenter avec de petites sommes, de manière régulière, chaque mois. Ainsi, ce n’est pas trop « punitif », on ne se sent pas trop restreint sur les achats indispensables du quotidien et l’on n’a pas trop l’impression de se priver d’un argent qui pourrait être mis de côté pour un projet plus enthousiasmant comme un voyage ou une nouvelle voiture.
Automatiser les versements sur votre épargne de précaution
Dans la droite lignée du point précédent, automatiser les versements sur son épargne de précaution est un bon moyen pour mettre de l’argent de côté encore plus facilement. Il suffit de configurer un virement automatique depuis son compte courant vers son compte dédié à l’épargne d’urgence (avec Sumeria, cela se fait en quelques instants) chaque mois, idéalement juste après avoir reçu son salaire.
C’est le meilleur moyen pour constituer cette épargne ô combien importante : l’argent est versé automatiquement, ce qui permet d’éviter de trop y penser – et donc d’hésiter à faire le versement en se disant que cela pourrait attendre le mois prochain – ou d’oublier de faire le versement.
Renflouer l’épargne d’urgence dès que l’on a pioché dedans
Contrairement à la croyance populaire, la foudre peut tout à fait frapper deux fois au même endroit. Et ce n’est pas parce qu’on a eu un coup dur ou une dépense imprévue que l’on a réussi à gérer grâce à son épargne de précaution que cela ne peut pas se reproduire le lendemain, le mois ou l’année prochaine.
Voilà pourquoi l’épargne d’urgence doit être renflouée au plus vite en cas d’utilisation totale ou partielle de celle-ci. On est ainsi prêts si une autre dépense imprévue se présente. On ne sait jamais ce qu’il peut arriver.