Faut-il payer en euro ou en devise locale à l’étranger ?

Ce sont les paiements et les retraits les plus chers au monde : ceux qu’on fait en euros, quand on voyage hors de la zone Euro. La raison de ce surcoût ? Un mécanisme invisible appelé « change dynamique ». On vous explique comment il fonctionne et surtout comment l’éviter.

Mis à jour le 21 mai 2024

Il existe désormais deux applications mobiles. Sumeria, qui regroupe tous les services bancaires historiques de Lydia (compte courant rémunéré, carte Visa, investissement, remboursements, cagnottes…) et une autre application, simplement appelée Lydia, pour ceux qui souhaitent utiliser uniquement les remboursements entre amis et les cagnottes en ligne.

Cela arrive plus souvent qu’on ne le pense. Dans un restaurant, un hôtel ou au distributeur, on nous propose de régler en euros, alors que la devise locale est différente. Parfois même, l’addition affiche le montant à payer, directement en euros. C’est un peu surprenant, mais après tout, on se dit que c’est mieux ainsi : au moins, on sait exactement combien on paye. Alors, on accepte.

Mais quelques jours plus tard, au moment de consulter son compte en banque, surprise… La transaction est bien plus onéreuse que prévu. On était pourtant si sûr du taux de change ce jour-là.

Voici ce qui aurait dû se passer

Revenons en arrière. Dans une situation « normale », le montant à payer est affiché dans la devise locale. Ainsi, à Londres, l’écran du terminal indique « £100 ». On insère sa carte, on tape son code et on paie donc en livres sterling

Notre banque fait alors la conversion vers l’euro avec son propre taux de change (ce qui nous coûtera en moyenne 2% du montant à convertir). La somme finale s’affiche quelques jours plus tard, en euros, sur notre compte en banque.

Mais dans cette situation, il y a un hic : il faut attendre plusieurs jours pour savoir exactement combien on a payé ces fameux « £100 ». Sur le moment, impossible de savoir s’ils valent 110 €, 115 €, 120 €, ou plus. Et dans ces conditions, il est presque impossible de tenir rigoureusement son budget « vacances ». Il faut se rendre à l’évidence : savoir combien le paiement va nous coûter avant même d’insérer sa carte, c’est plus pratique.

Maintenant, avec le « change dynamique »

Certaines entreprises l’ont très bien compris, et ce, dès les années 90. Elles ont alors créé un mécanisme rêvé par les touristes : le « change dynamique » (ou « DCC » pour « Dynamic Currency Conversion »). Le DCC, c’est un dispositif qui permet d’afficher la somme à payer dans la devise de la carte bancaire du client. Et cela fonctionne sur tous les terminaux de paiement par carte et distributeurs de billets.

  • Le serveur nous demande de régler £15 pour notre « fish & chips » ? Immédiatement, le terminal de paiement affiche la somme en euros.
  • On souhaite retirer £50 en espèces dans le centre de Londres ? Le distributeur indique alors sur son écran le montant du retrait, en euros.

Et c’est là qu’on se fait avoir : quand on choisit de payer en euros, ce n’est plus notre banque mais l’opérateur de « change dynamique » (une entreprise privée) qui fera la conversion, avec son propre taux de change « fait maison ». Et évidemment, il n’est pas à notre avantage.

Un « piège à touristes »

Plusieurs études se sont penchées sur la question. La plus complète (celle de l’organisation des consommateurs européens) dénonce un véritable « piège ». 

Le vrai coût du change dynamique

En moyenne, un paiement avec le change dynamique coûte 5 à 6% plus cher qu’un paiement dans la devise locale au taux de change réel. Certains opérateurs de « change dynamique » vont même jusqu’à facturer 12% de plus !

Ainsi, si vous payez £100 à Londres, cela peut vous coûter :

  • 112 € au taux de change réel (avec la carte Sumeria, par exemple)
  • 114 € avec votre banque
  • 125 € avec le change dynamique

À l’échelle de toute une communauté de touristes, la manne financière devient considérable : les vacanciers britanniques perdraient près de 300 millions de livres chaque année à cause du change dynamique.

Alors pourquoi est-ce si répandu ? 

Parce que les entreprises de change dynamique proposent de belles commissions aux commerçants qui acceptent de proposer cette option à leurs clients. C’est gagnant-gagnant. Le seul perdant dans l’histoire, c’est vous.

Il suffit au marchand de signer un contrat avec l’opérateur, d’installer le logiciel de change dynamique sur son terminal de paiement, et le tour est joué ! Il ne lui reste plus qu’à proposer cette option à chaque touriste qui passe sa porte.

Mais cette pratique est de plus en plus réglementée

Sur Internet, on retrouve toutes sortes d’histoires de touristes n’ayant pas eu de choix au moment de payer. Certains affirment qu’un restaurateur croate a refusé qu’ils paient leur déjeuner en kuna. D’autres mettent en garde contre un distributeur de billets tchèque qui facture dix fois plus cher pour un retrait en couronnes tchèques (évidemment, uniquement lorsque la carte bancaire est étrangère). C’est tout simplement illégal.

Selon la réglementation européenne (article 59 de la Directive des Services de Paiement 2), le consommateur doit avoir le choix, « afin de pouvoir comparer les services et les conditions proposés par les prestataires de services de paiement ». Ce choix doit être clairement affiché et non biaisé. Un « OUI / NON » ne suffit pas : il faut que les deux options de paiement soient proposées côte à côte. 

Ainsi, pour un paiement à Londres, le terminal carte doit donc afficher, côte à côte, les deux options : 

[ Pay in GBP ] et [ Pay in EUR ]

Ces mêmes recommandations sont également transmises aux commerçants par les réseaux de carte Mastercard et VISA (voici par exemple un « guide de conformité » fourni par Mastercard).

Quelques conseils pour vos voyages

Tout d’abord choisissez toujours de payer dans la devise locale. Si on vous propose de payer en euros, refusez.

Si le commerçant ne vous a pas proposé de payer dans la devise locale, vous êtes en droit de demander l’annulation de la transaction, ou de porter plainte s’il refuse. Le règlement européen DSP2 impose que vous ayez le choix.

Dans certains pays, le change dynamique est une pratique particulièrement répandue. C’est notamment le cas en Croatie ou en Norvège, où vos achats ou retraits vous coûteront jusqu’à 10% plus cher que la normale.

Alors voici un petit conseil pour votre prochain voyage: 

  • Au mieux, prenez une carte qui applique le taux de change réel Mastercard ou VISA, comme la carte Sumeria.
  • À défaut, utilisez la carte de votre banque et payez tout le temps dans la devise locale. Vous paierez certes des frais de change, mais ils seront forcément moins chers que ceux du change dynamique.